Exsposition "UTILISABLES"  Gabriele Corni - Galerie Libertine - Bruxelles
Mostre, Belgium, Bruxelles, Brussels, 21 April 2010
GABRIELE CORNI – “Utilisables”

"Les poupées sont le reflet des besoins de ceux qui se trouvent de l'autre côté." Gabriele Corni

Inanimées, mais animables à la fois. Utilisables. Des poupées ayant une fonction spécifique, pour répondre pleinement à leur maître. Vous pouvez les choisir et les des-habiller en fonction de votre goût. La couleur des cheveux, des yeux, les caractéristiques, les formes.
Avec ces femme-là, toutes les fantaisies peuvent être accomplies.

Gabriele Corni, nous confronte à un fait indiscutable, à une fenêtre offrant un produit de luxe. Irréprochable et parfait. Désirable.
Geishas calmes, discrètes, très belles. En attente d'une personne qui les choisisse et les utilise. Elles sont prêtes.

La question de la femme imaginaire nous conduit à la question de l’objectivisation du corps de la femme, avec la création d'un substitut. C’est ainsi que la poupée gonflable est devenue très sophistiquée, mimétique dans toutes les parties du corps, avec des systèmes capables d'activer une réponse sonore et physique.

Corni montre ces nouveaux clones esclaves, sans âme. Et c’est ici que se produit un renversement de tendance, la poupée-objet est alors transformée en un corps-objet, en un système hybride entre l'homme et la marionnettes, entre la chair et le plastique. Corni met en œuvre un jeu subtil, déroutant le spectateur et accueillant la suggestion de l'ambiguïté à travers la sensualité des formes et des couleurs, qui prennent vie dans une lumière irréelle. Des détails sensibles déplacent l’attention sur le cote humain, d'autres se réfèrent à la simulation. La confusion conduit à une observation presque maniaque qui transforme les masques en visages, la porcelaine en peau.

C’est techniquement en post-production que Corni parvient à recréer ces effets.
Il part de la photographie et fusionne des parties de corps humain avec ceux des poupées japonaises hyper réalistes, puis il les fige dans une sorte de sculpture de masses polies, ce qui donne un effet très pictural et place de ces nouveaux corps dans un espace indéfinissable. C’est lorsque vous arrêtez de déchiffrer qu’apparaît la lenteur dans le geste. L'attente est un état de suspension dans lequel ce travail acquiert toute sa densité. Le travail devient ainsi une sorte de récipient pour la conservation à long terme de cet "hôte-produit".

La définition de l’image ainsi obtenue rend ainsi ces femmes impeccables. Raffinées, parfaitement exposées, en apparence fragile mais avec une épaisse carapace. Intouchables car fragiles. "Handle with care" pourrait être un bon titre. Leur présence physique met en évidence une absence émotionnelle, loin du regard et du jugement de ceux qui les regardent. La perfection fait peur et déclenche un mécanisme de voyeurisme, la seule façon possible d'entrer en contact avec ces figures ambigües.

Cette sensualité aux reflets veloutés entre en contraste avec les ombres des plis de la peau et stimule les sens, les portant vers la frontière de l'érotisme, en y passant très près, mais sans jamais la dépasser.
Protégée par leur impuissance les « utilisables » de Corni subissent un processus de rachat, grâce à la perfection esthétique qui les transforme en muses-totems.

Élevées au rang d'icônes ces organismes conservent, toutefois, une histoire personnelle qui émane de l’empathie. La lisse et provocante poupée est accueillante, presque sure d’elle, alors que l'enfant androgyne est plus contracté, renfermé et tendu. Derrière ces deux modèles, deux maîtres lointains, non dans l'intention, mais dans la modalité.

Rester en équilibre entre la sensualité et l'érotisme, entre le réel et l’imaginaire, tous les lieux d'observation face à des questions intimes de la vie personnelle, sociale, morale et éthique.
Dans cette société du beau, la perfection peut éblouir et la solitude peut conduire à des choix extrêmes.

Gabriele Corni avec ce projet nous permet de regarder dans la "réflexion métaphorique" qui se reflète dans son travail, mettant en evidence les faiblesses et les tensions émotionnelles.
ELISA SCHIAVINA

GABRIEL CORNI

Gabriele Corni (Bologne, Italie, 1972) vit et travaille à Bologne.

Après des études artistiques, met au point sa technique de peinture à l'huile dans l'atelier de Norma Mascellani, avec laquelle il a acquis le sens de l'équilibre dans la composition. Il a continué à expérimenter avec la construction en trois dimensions, les matériaux métalliques, et a collaboré avec le sculpteur Silvia Zagni, en s’orientant ensuite vers la photographie, l'instrument qui l’a ramené de force vers deux dimensions. Grâce à ce filtre, et a’ ses multiples possibilités d'intervention en post-production, comme en peinture numérique, Gabriele Corni est revenu à son besoin primaire, celui de la peinture, ce qui n'exclut pas, mais accroît même, la plasticité des formes.
Dans la retouche numérique il est assisté par Julius G. Pedaci, un expert de la post-production.

Corni est photographe de publicité professionnel et travaille avec le studio Carlo Coppitz Fotografie de Bologne. (www.lelecorni.com)
Apres avoir participé à de nombreuses expositions collectives à l'étranger, Corni présente sa première exposition personnelle à la galerie « Oltre Dimore ».

Giulio Pedaci

La réalisation technique de la peinture et de la retouche numérique a été réalisée avec la collaboration de Giulio Pedaci, un expert en post-production numérique de l'image dans la publicité et l'édition.
Ne’ a’ Lecce mais Bolognais d’ adoption, Pedaci a obtenu un diplôme en peinture à l'Accademia delle Belle Arti de Bologna avec comme maitre Concetto Pozzati.
Il se spécialise ensuite en techniques de post-production numérique, déjà lors de la naissance des premiers logiciels. Il a été responsable de la division graphique et de pré-impression de la photolithographie Emiliana zincographie Felsinea et de la Division de la société Graphic design IEI de Rome et Bologne.
Il est propriétaire du studio « Ritoccando » de Bologne et compte de nombreux clients de haut calibre national et international. (www.ritoccando.com)



UTILISABLES - PENSEES TOUTES-PRETES POUR L'UTILISATION
• Geisha. Artiste-prostituée. Geisha en Japonais est composé de deux mots signifiant "art" et "personne" avec une traduction littérale très proche de "artiste". Dans la culture occidentale un sentiment de confusion de sens a fait identifier les geisha aux prostituées ou aux courtisanes de luxe.

• Obi. Large ruban qui fait partie du kimono. Il devrait être porté et lié au niveau de la taille par un noeud sur le dos. La geisha le porte à une position inférieure par rapport à la femme japonaise traditionnelle.
• Couleurs. La couleur stimule l'émotion. Anciennement la signification est perçue instinctivement. Dans le travail de Corni le rouge, le blanc et le noir dominent, les trois couleurs primaires: l'argile, le charbon de bois et la craie.
Rouge: précieuse, commune dans de nombreux pays, comme un symbole de pouvoir et utilisé par les Egyptiens afin d'identifier les parties du corps naturellement rouge, comme les lèvres et les zones érogènes. Rappelle le sang, la puissance, l'instinct et la passion.
Noir: Exprime la puissance et la sensualité, le mystère et la rigueur. Il n'en autre que l’ensemble des couleurs, en l'absence de lumière.
Blanc : lié à la pureté et la virginité, il illumine et transmet un sentiment de propreté et de fraîcheur. Perçue comme la couleur de la tranquillité et l'élégance, il anesthésie les pulsions qui découlent du rouge et du noir.

• Poupées sexuelles hyperréalistes en silicone. Petits-enfants de la poupée gonflable, ces poupées sexuelles sont fabriquées avec des matériaux de haute technologie tels que le silicone, absolument fidèles à la figure humaine et dotées d’attributs sexuels fonctionnels. A l'achat il est éventuellement possible de demander une personnalisation, avec le choix de parties du corps à ajouter (l'anus par exemple est exclu dans le modèle de base) et d'accessoires de toutes sortes. Les plus sophistiquées et hyperréalistes sont celles produites au Japon. Il n’existe que la version femme pour l'instant, il n'existe pas de version masculine de ce jouet-sexuel.

• Imitation. Les poupées japonaises réalistes reproduisent les formes du corps d'une femme. Beaucoup de femmes ont recours à la chirurgie esthétique pour devenir plus proches du modèle irréaliste des stéréotypes de la beauté. Qui copie qui?

• La perfection et l'obsession. La beauté canonique et le montant de ses honoraires, dans un monde où apparemment il semble que les canons n'aient plus de valeur au profit de modes temporaires et flexibles, qui ont par contre gagne’ de la valeur. La perfection est de plus en plus recherchée. Afin de la trouver on est prêt à changer le boîtier des choses, animées ou inanimées quelles soient. Intellectuellement et esthétiquement il n’y a pas de différence. Le modèle de référence est inaccessible sans la simulation, le remplacement ou la retouche. Le goût ne peut être satisfait que par la manipulation grossière de la forme, dans une tentative de le façonner a’ l’image de la beauté.

• Masque et visage. Chaque femme maquillée porte un masque. La frontière du maquillage, qui arrive sous le menton ou au maximum s’étend au cou, est la limite du masque. Les geishas, étant des femmes de l'art, portent un maquillage très prononcé, dans les tons blanc, rouge et noir, qui devient, en effet, un masque de théâtre, un bouclier entre le visage et le monde extérieur. Qu'arrive-t-il si un masque se cache sous un visage humain maquille’?

• Omnipotence de l'homme. Les êtres humains ont toujours montré des délires de toute-puissance créatrice, à la fois dans la réalité, la conception de la concurrence pure et parfaite, que ce soit dans la fiction, le fantastique et où les personnages mythiques tels que le Dr Frankenstein, ou le menuisier Geppetto ont consacré leur vie entière à fabrication du non-vivant. La création est une tentation à laquelle nous ne pouvons pas résister, l'art n'est qu'une des possibilités. Il est créé pour combler un manque, pour occuper un espace de nouvelles demandes, pour exprimer les propres besoins.

• L'aliénation et la solitude. Rapidité d'action, de temps, les engagements communs, l'autonomie nécessaire. Le naufrage de l'esprit est irréversible. De la philosophie orientale, la technologie récupère la figure de l'Avatar et imagine un moyen d'éviter la solitude, en construisant des substituts en trois dimensions et permettant aux êtres humains de survivre, même de façon aliénée.

• Les hommes et les robots. Le robot est une machine sophistiquée capable de faire des travaux ou des calculs qui nécessitent des efforts physiques ou mentaux. Quand ils imitent la forme de l'homme ils deviennent des androïdes. L'évolution biologique suite aux greffes artificielles conduisent à la création de cyborg. De simple "travailleur", le robot est devenu un compagnon indispensable pour la vie.

• Création de la femme. Et Dieu a dit: «Il n'est pas bon que l'homme soit seul: je veux lui donner une aide qui lui est semblable." (Genèse)

• Cerveau masculin. Des études récentes liées aux neurosciences ont constaté que le cerveau des hommes suite a’ la vision d’images féminines d’ordre sexuel, perçoit la figure de la femme comme un objet, utilisant ainsi les régions du cerveau utilisées lors de l’utilisation d’ outils et impliquant ainsi la désactivation des zones relatives a’ l'empathie, qui aide a’ comprendre les émotions et ales désirs de la personne en face. Crédible?

• Sujet-objet. Dans ce jeu de rôle l'objet de l'amour est remplacé par un objet utilisable.

• Voyeurisme. Le plaisir dans l'observation de la nudité ou les scènes érotiques et sensuelles, être dans une position d'attention passive. On retrouve le voyeur devant la télévision, au cinéma, dans les trains et sur la route. Les yeux parviennent a’ toucher la peau sans entrer en contact, l’intellect complète les formes non définies et la pulsion se complait.

• Référence a’ l'iconographie. Les travaux de Gabriele Corni sont plus proches des baigneurs peints par Jean Auguste Dominique Ingres ou aux femmes photographiées par Nobuyoshi Araki, sublimées par le biais des formes inanimées de poupées réalistes?


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